Contributions personnelles sur la philosophie de Michel Henry
(C) 2002-2010 Philippe Audinos

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Article sur la Vie

Définition phénoménologique

Le philosophe Michel Henry définit la vie d'un point de vue phénoménologique comme ce qui possède la faculté et le pouvoir « de se sentir et de s'éprouver soi-même en tout point de son être » [1]. Pour lui, la vie est essentiellement force subjective et affectivité [2], elle consiste en une pure expérience subjective de soi qui oscille en permanence entre la souffrance et la joie [3]. Une « force subjective » n’est pas une force impersonnelle, aveugle et insensible comme le sont les forces objectives que l’on rencontre dans la nature, mais une force vivante et sensible éprouvée de l’intérieur et résultant d’un désir subjectif et d’un effort subjectif de la volonté pour le satisfaire [4, 5]. Il établit également une opposition radicale entre la chair vivante douée de sensibilité et le corps matériel, qui est par principe insensible, dans son livre Incarnation, une philosophie de la chair [6].

Le mot « phénoménologique » se réfère à la phénoménologie, qui est la science du phénomène et une méthode philosophique qui se réduit à l'étude des phénomènes tel qu'ils apparaissent [7]. Ce que Michel Henry appelle la « vie phénoménologique absolue » est la vie subjective des individus réduite à sa pure manifestation intérieure, telle que nous la vivons et que nous la sentons en permanence [8, 9]. C'est la vie telle qu'elle se révèle elle-même et apparaît intérieurement, son auto-révélation : la vie est à la fois ce qui révèle et ce qui est révélé [10].

Cette vie est par essence invisible parce qu'elle n'apparaît jamais dans l'extériorité d'un voir, elle se révèle en elle-même sans écart ni distance. Le fait de voir suppose en effet l'existence d'une distance et d'une séparation entre ce qui est vu et celui qui le voit, entre l'objet qui est perçu et le sujet qui le perçoit [11]. Un sentiment par exemple ne se voit jamais de l'extérieur, il n'apparaît jamais dans « l'horizon de visibilité » du monde, il se sent et s'éprouve de l'intérieur dans l'immanence radicale de la vie. L'amour ne se voit pas, pas plus que la haine, les sentiments se ressentent dans le secret de notre cœur, là où nul regard ne peut pénétrer [12].

Cette vie est composée de la sensibilité et de l'affectivité, elle est l'unité intérieure de leur manifestation, l'affectivité étant cependant l'essence de la sensibilité comme le montre Michel Henry dans son livre sur L’Essence de la manifestation, ce qui signifie que toute sensation est affective par nature [13]. La vie est le fondement de notre expérience subjective (comme l'expérience subjective d'une tristesse, de la vision d'une couleur ou le plaisir de boire de l'eau fraîche en été) et de nos pouvoirs subjectifs (le pouvoir subjectif de bouger notre main ou nos yeux par exemple) [14].

Cette définition phénoménologique de la vie se fonde donc sur l’expérience subjective concrète que nous faisons de la vie dans notre propre existence, elle correspond par conséquent à la vie humaine. A propos des autres formes de vie qu’étudie la biologie et auxquelles Heidegger emprunte sa propre conception philosophique de la vie [15], Michel Henry écrit dans son livre C’est moi la Vérité. Pour une philosophie de christianisme : « N’est-il pas paradoxal pour qui veut savoir ce qu’est la vie d’aller le demander aux infusoires, dans le meilleurs des cas aux abeilles ? Comme si nous n’avions avec la vie que ce rapport tout à fait extérieur et fragile avec des êtres dont nous ne savons rien – ou si peu de chose ! Comme si nous n’étions nous-mêmes des vivants ! » [16]

[Cette définition laisse cependant de côté des organismes vivants qui ne peuvent s’éprouver eux-mêmes, comme les végétaux par exemple.] A moins que l’on puisse mettre en évidence en eux l’existence d’une certaine forme de sensibilité, comme semble l’indiquer le Professeur A. Tronchet dans son livre intitulé La sensibilité des plantes : "Le protoplasme des cellules végétales comme celui des cellules animales est doué d’irritabilité, c’est-à-dire d’une forme particulière de sensibilité, grâce à laquelle il est capable d’être affecté par des excitations d’origine externe ou interne." [17]


Article sur Dieu

Approche phénoménologique et chrétienne contemporaine

Le philosophe Michel Henry définit Dieu d’un point de vue phénoménologique, dans son livre C'est moi la Vérité, pour une philosophie du christianisme :

« Dieu est Vie, il est l’essence de la Vie, ou, si l’on préfère, l’essence de la vie est Dieu. Disant cela nous savons déjà ce qu’est Dieu, nous ne le savons pas par l’effet d’un savoir ou d’une connaissance quelconque, nous ne le savons pas par la pensée, sur le fond de la vérité du monde ; nous le savons et ne pouvons le savoir que dans et par la Vie elle-même. Nous ne pouvons le savoir qu’en Dieu. » [18]

La Vie dont il est question ici n’est pas la vie au sens biologique du terme définie par des propriétés objectives et extérieures, ni un concept philosophique abstrait et vide, mais la vie phénoménologique absolue, une vie radicalement immanente qui porte en elle le pouvoir de se manifester en elle-même sans distance, une vie qui se révèle elle-même à chaque instant. Une manifestation de soi et une auto-révélation qui ne consiste pas dans le fait de voir hors de soi ou de percevoir le monde extérieur, mais dans le fait de sentir et de se sentir soi-même, d’éprouver en soi sa propre réalité intérieure et affective [19].

Comme le dit également Michel Henry dans ce même livre, « Dieu est cette Révélation pure qui ne révèle rien d’autre que soi, Dieu se révèle. La Révélation de Dieu est son auto-révélation » [20]. Dieu est en lui-même révélation, il est la Révélation primordiale qui arrache toute chose au néant, une révélation qui est l’auto-révélation pathétique, c'est-à-dire la souffrance et l’auto-jouissance absolue de la Vie. Comme dit Jean, « Dieu est amour », parce que la Vie s’aime elle-même d’un amour infini et éternel [21].

Michel Henry oppose à la notion de création, qui est la création du monde, la notion de génération de la Vie. La création du monde consiste dans l’ouverture de cet horizon d’extériorité où toute chose devient visible. Alors que la Vie ne cesse de s’engendrer elle-même et d’engendrer tous les vivants dans son immanence radicale, dans son intériorité phénoménologique absolue qui est sans écart ni distance [22].

Puisque nous sommes vivants et donc engendrés à chaque instant par la Vie infinie de Dieu, puisqu’il ne cesse de nous donner la vie, et puisque nous ne cessons de naître dans le présent éternel de la vie par l’action en nous de cette Vie absolue, Dieu est aux yeux du christianisme notre Père et nous sommes ses Fils bien aimés, les Fils du Dieu vivant. Ce qui ne veut pas seulement dire qu’il nous a créés au moment de notre conception ou au commencement du monde, mais qu’il ne cesse de nous générer en permanence dans la Vie, qu’il est toujours à l’œuvre en nous jusque dans la moindre de nos impressions subjectives [23].

Citations le concernant


Article sur la Vérité

La Vérité de la Vie (version complète)

Le philosophe Michel Henry explique dans son livre C’est Moi la Vérité. Pour une philosophie du christianisme ce que le christianisme considère comme étant la Vérité et qu’il appelle la Vérité de la Vie [24]. Il montre que cette conception chrétienne de la Vérité s’oppose à ce que les hommes considèrent habituellement comme la vérité, qui est issu de la pensée grecque et qu’il appelle la vérité du monde [25]. Mais qu’est-ce que la vérité ? La vérité, c’est ce qui se montre et qui prouve ainsi sa réalité par sa manifestation effective en nous ou dans le monde [26].

La vérité du monde désigne une vérité extérieure et objective, une vérité dans laquelle toute chose apparaît sous la forme d’un objet visible devant notre regard et à distance de nous, c’est-à-dire sous la forme d’une représentation qui est distincte de ce qu’elle montre [27] : lorsque nous regardons une pomme, ce n’est pas la pomme en elle-même que nous voyons mais une simple image de la pomme qui apparaît dans notre sensibilité et qui va changer selon l’éclairage ou notre angle de vue. De même lorsque nous regardons le visage d’une personne, ce n’est pas cette personne en elle-même que nous percevons, mais une simple image de son visage, son apparence visible dans le monde [28]. Selon cette conception de la vérité, la vie n’est qu’un ensemble de propriétés objectives, caractérisé par exemple par le besoin de se nourrir ou par l’aptitude à se reproduire [29].

Dans le christianisme, la Vie est ramenée à sa réalité intérieure qui est absolument subjective et radicalement immanente [30]. La Vie considérée dans sa réalité phénoménologique, c’est tout simplement la faculté et le pouvoir subjectif de sentir des sensations, de petits plaisirs ou de grandes peines, d’éprouver des désirs ou des sentiments, de mouvoir notre corps de l’intérieur en exerçant un effort subjectif, ou même de penser [31, 32]. Toutes ces facultés possèdent la caractéristique fondamentale d’apparaître et de se manifester en elles-mêmes, sans écart ni distance, nous ne les percevons pas à l’extérieur de notre être ou devant notre regard, mais seulement en nous : nous coïncidons avec chacun de ces pouvoirs [33]. La Vie est en elle-même un pouvoir de manifestation et de révélation, et ce qu’elle manifeste c’est elle-même, dans son auto-révélation pathétique [34]. Un pouvoir de révélation qui est à l’œuvre en nous en permanence et que nous oublions constamment [35].

La Vérité de la Vie est absolument subjective, c’est-à-dire qu’elle est indépendante de nos croyances et de nos goûts subjectifs : la perception d’une sensation colorée ou d’une douleur par exemple n’est pas une question de préférence personnelle, c’est un fait et une expérience intérieure incontestable qui relève de la subjectivité absolue de la Vie [36]. La Vérité de la Vie ne diffère donc en rien de ce qu’elle rend vrai, elle n’est pas distincte de ce qui se manifeste en elle [37]. Cette Vérité est la manifestation elle-même dans sa pure révélation intérieure : c’est cette Vie que le christianisme appelle Dieu [38].

La Vérité de la Vie n’est pas une vérité relative variable d’un individu à l’autre, mais la Vérité absolue qui fonde de l’intérieur chacune de nos facultés et chacun de nos pouvoirs, et qui éclaire la moindre de nos impressions [39]. Cette Vérité de la Vie n’est pas une vérité abstraite et indifférente, elle est au contraire pour l’homme ce qu’il y a de plus essentiel, puisque c’est elle seule qui peut le conduire au salut en s’identifiant intérieurement à elle et en devenant Fils de Dieu, au lieu de se perdre dans le monde [40].


Version simplifiée du 15/09/2007 (avant suppression définitive)

Michel Henry expose dans l'un de ses derniers ouvrages ce que le christianisme considère comme étant la Vérité et qu’il appelle la Vérité de la Vie. Il montre que cette conception chrétienne de la Vérité s’oppose à ce que les hommes considèrent habituellement comme la vérité, qui est issu de la pensée grecque et qu’il appelle la vérité du monde. Mais qu’est-ce que la vérité ? La vérité, c’est ce qui prouve sa réalité par sa manifestation en nous ou dans le monde.

La vérité du monde désigne une vérité extérieure et objective, une vérité dans laquelle toute chose apparaît sous la forme d’un objet visible devant notre regard et à distance de nous, c’est-à-dire sous la forme d’une représentation qui est distincte de ce qu’elle montre. Selon cette conception de la vérité, la vie n’est qu’un ensemble de propriétés objectives, caractérisé par exemple par le besoin de se nourrir ou par l’aptitude à se reproduire.

Dans le christianisme, la Vie est au contraire ramenée à sa réalité intérieure qui est absolument subjective et radicalement immanente. La Vie considérée dans sa réalité phénoménologique, c’est par exemple la faculté de sentir des sensations, d’éprouver des désirs ou des sentiments, ou le pouvoir de mouvoir notre corps. Toutes ces facultés se manifestent en elles-mêmes, sans écart ni distance, nous coïncidons avec chacun de ces pouvoirs. La Vie est en elle-même un pouvoir de manifestation et de révélation, et ce qu’elle manifeste c’est elle-même, dans son auto-révélation pathétique. Un pouvoir de révélation qui est à l’œuvre en nous en permanence et que nous oublions constamment.

La Vérité de la Vie est absolument subjective, c’est-à-dire qu’elle est indépendante de nos croyances et de nos goûts subjectifs : la perception d’une sensation colorée ou d’une douleur par exemple n’est pas une question de préférence personnelle, c’est un fait et une expérience intérieure incontestable qui relève de la subjectivité absolue de la Vie. La Vérité de la Vie ne diffère en rien de ce qu’elle rend vrai, elle n’est pas distincte de ce qui se manifeste en elle.


Article sur le Mal

Approche phénoménologique contemporaine

Pour le philosophe Michel Henry, Dieu est la Vie invisible qui ne cesse de nous engendrer et de nous donner à nous-mêmes dans son auto-révélation pathétique [41]. Dieu est Amour car la Vie s'aime elle-même d'un amour infini [42]. Par conséquent la vie est bonne en elle-même [43]. Le mal correspond à tout ce qui nie ou porte atteinte à la vie, il trouve son origine dans la mort qui est la négation de la vie [44, 45]. Cette mort est une mort intérieure et spirituelle qui est la séparation d'avec Dieu, et qui consiste simplement en ne pas aimer, en vivre égoïstement comme si Dieu n'existait pas, comme s'il n'était pas notre Père à tous et comme si nous n'étions pas tous ses Fils bien-aimés, comme si nous n'étions pas tous Frères les uns des autres, générés par une même Vie [46]. Le mal culmine dans la violence de la haine qui est à l'origine de toutes les formes de barbarie, de tous les crimes, de toutes les guerres et de tous les génocides [47, 48]. Mais le mal est aussi l’origine commune de tous ces processus aveugles et de toutes ces abstractions mensongères qui conduisent tant d’hommes et de femmes dans la misère et dans l’exclusion [49].


Ebauche sur la philosophie de la Vie

[La philosophie de la vie (de l'allemand Lebensphilosophie) désigne un courant philosophique qui s'est développé essentiellement en Allemagne et en France au tournant du XXe siècle autour notamment de Wilhelm Dilthey, Georg Simmel et Henri Bergson. Également nommé vitalisme, ce courant trouve ses racines dans la biologie.][50]

Par opposition à ces penseurs qui recherchent la vie dans l'extériorité du monde et qui la réduisent à un processus anonyme en troisième personne, le philosophe Michel Henry a proposé une approche phénoménologique de la vie fondée sur l'expérience purement subjective que chacun fait de sa propre vie, telle qu'elle se révèle immédiatement à elle-même [51, 52] .

Histoire de la notion de vie

[...]

Philosophie de la vie (au sens biologique)

[...]

Approche phénoménologique contemporaine

La vie est traditionnellement comprise d’un point de vue extérieur et scientifique comme un ensemble de propriétés objectives qui définissent la vie au sens biologique du terme, celle du corps matériel. Pourtant, la vie possède une composante intérieure qui relève de la subjectivité la plus radicale, d’une sphère d’immanence absolue dans laquelle nous sommes en permanence immergés et avec laquelle nous coïncidons [53].

En un sens, la vie est ce qu’il y a de plus simple, mais ce qui est le plus simple est aussi souvent ce qu’il y a de plus difficile à penser [54]. C’est le mérite immense du travail phénoménologique du philosophe Michel Henry que d’avoir ramené la notion de vie à l’essentiel, car elle est tout simplement ce que nous sommes, le fondement et l’essence de la manifestation, qui est l’auto-affection [55].

Nous savons ce qu’est la vie d’un savoir absolu qui ne doit rien au monde et qui précède toute connaissance et toute philosophie parce que nous sommes des vivants, nous appartenons déjà à cette vie que nous connaissons de l’intérieur, qui fonde notre être et chacun de nos pouvoirs, comme par exemple la pensée [56].

Michel Henry définit la vie d'un point de vue phénoménologique comme ce qui possède la faculté et le pouvoir de se sentir et de s'éprouver soi-même en tout point de son être [57]. Pour lui, la vie est essentiellement force et affect [58]. Il établit une opposition radicale entre la chair vivante et le corps matériel dans son livre Incarnation, une philosophie de la chair [59].


Ebauche sur la philosophie de l'art

Philosophie contemporaine

Michel Henry définit l'art et la beauté comme ce qui permet un accroissement de notre pouvoir de sentir, un enrichissement de notre existence personnelle. Il analyse la peinture abstraite et l'essence de toute peinture dans son livre Voir l'invisible, sur Kandinsky.


Théories sur l'art

Le peintre Vassily Kandinsky définit l'art comme une puissance qui doit servir à l'évolution et à l'affinement de l'âme humaine. Il développe sa conception personnelle et philosophique de l'art, qui est celle d'un artiste moderne passionné par la peinture et du fondateur de la peinture abstraite, dans ses grands écrits théoriques sur l'art que sont Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier et Point et ligne sur plan.


Notes et références


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Version 0.5 du 22/12/2010
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